une leçon de danse •• pv derek

La journée est douce et ensoleillée, je me suis promenée toute la journée à l'extérieur pour profiter du soleil. Ma peau claire d'ordinaire commence à prendre une teinte halée, doucement mais surement. Je ne me dévêtis pas comme la plupart des femmes le font, sans quoi je risquerai de voir Derek arracher les yeux de tous les hommes que je croise. Hitch m'accompagne dans tous mes déplacements, je trouve toujours un peu risqué de le laisser seul avec Derek. Même si je ne pense pas que mon chéri ferait du mal à cette petite bête à laquelle je tiens, je ne préfère pas tenter le diable.

Une fois rentrée à la maison, j'ai préparé le repas pour nous deux avant d'embrasser furtivement Derek en lui disant de ne pas m'attendre, j'ai une leçon tardive. Je sais déjà que ça ne va pas lui plaire, mais nous avons fait le choix de vivre dans une ville moderne et d'avoir des activités normales. Enfin pour autant que nous puissions avoir une vie normale.

Je claque ma cuisse deux fois pour appeler Hitch, prend mon manteau dans l'entrée et claque la porte avec un «JE T'AIME» sonore. Une manière gentille de demander à Derek de me faire confiance, de lui assurer mon amour et ma dévotion. Je sais combien il peut être possessif avec moi et même si ça ne me dérange pas, parfois c'est ... encombrant.

La soirée est fraîche, je marche assez vite jusqu'au studio en m'arrêtant cependant de temps à autre pour attendre mon chien qui fait des va-et-viens. La lumière du studio est allumée, ce qui veux dire que mon élève est déjà présent.

J'entre dans mon studio avec le sourire aux lèvres.

« Bonsoir Patrick, prêt ? »


J'enclenche la musique avant de venir au centre de la piste, commençant à tourner autours de mon élève, je lui donne quelques instructions sur sa position, sur les gestes à poser au bon moment et non quelques secondes avant ou après.



La chanson choisie est une ballade romantique de Brian Adams, "Everything I do", j'adore cette chanson que je trouve belle et profonde. Parfaite pour une déclaration d'amour.

Patrick est un élève studieux avec cependant un acting impressionnant. Nous nous retrouvons à plusieurs moments nez contre nez. Sa main au creux de mon dos, il me renverse et je pense apercevoir une ombre dans un coin du studio. Je me relève et me retourne mais ne voit rien, probablement une illusion d'optique.

Au moment du final je me retrouve collée à mon élève toujours en lui prodiguant des conseils jusqu'à ce que cette fois je suis persuadée qu'il y a quelqu'un dans le studio. Hitch s'agite dans un coin, à l'odeur il me semble reconnaître Derek et mon regard devient noir.

Le soleil, la chaleur, tout ça, ça comblerait de joie plus d’une personne. Tous, sauf Derek qui ne ressentait rien de spécial face à la météo. Ce qui était le contraire de Zooey qui semblait contente de pouvoir bronzer. C’était vrai que son teint commençait à prendre une teinte halée, mais le rugaru aimait aussi sa peau claire. En fait, on pouvait se demander ce qu’il n’aimait pas chez elle parce qu’il lui vouait une véritable obsession. Plus d’une fois, on lui avait dit qu’il devrait consulter un psychologue. Sauf qu’au lieu d’aller consulter, Derek était devenu psychologue. Ça ne l’aidait pas non plus à arranger son ‘problème’, mais au moins, il avait un boulot qui le faisait rentrer dans un moule de normalité. Un moule qu’il avait quitté depuis des années : depuis qu’il avait été torturé par l’organisation secrète.

Vers le milieu d’après-midi, il reçut son dernier patient de la journée. Écouter des gens était vraiment fastidieux comme boulot. Certains avaient des problèmes bien dérisoires si bien que Derek devait se retenir pour ne pas les mettre à la porte de son cabinet parce que pour lui, c’était des futilités. Mais il prenait sur lui et conservait son calme. Il prenait en note tout ce qui sortait de sa bouche tout en plaçant quelques phrases qu’il avait bêtement apprises dans un manuel. La psychologie n’était pas bien compliquée en fin de compte. Pour obtenir son diplôme, bizarrement, Derek n’avait pas eu trop de mal. Peut-être parce qu’il était assez dérangé pour être psychologue et comprendre les malades. Enfin toujours était-il que les heures passèrent et il crut que jamais ça ne se terminerait. Il avait bien anticipé et avait bien fait de ne plus prendre de patient après celui-ci.

Quand il rentra dans la maison qu’il occupait avec Zooey depuis sept ans, une bonne odeur flottait dans l’air. Il vit à peine sa bien aimée car elle surgit brusquement pour l’embrasser furtivement avant de disparaître à cause d’un cours tardif. Aussitôt, le visage de Derek s’assombrit. Un cours tardif. Avec qui ?! Il eut à peine le temps d’ouvrir la bouche que Zooey appela son sale cabot et disparut en lui criant ses sentiments. Il entendit la porte claquée et se retrouva seul à la maison. Il serra les poings. Qu’est-ce qui lui avait pris d’accepter de donner un cours tardif ? En plus de ça, il était certain que ce n’était pas un cours collectif. Espérant faire passer cette colère naissante, Derek prit une grande inspiration et expulsa lentement l’air de ses poumons. Cette technique était censée fonctionner, mais rien ne faisait. Alors il réessaya plusieurs fois, mais ça ne changeait rien. Non, il était trop en colère ! Il n’aimait pas savoir qu’elle se trouvait seule avec un homme. Mais d’ailleurs, qu’est-ce qu’il en savait lui que c’était un homme et non une femme ? L’instinct ! Il connaissait Zooey quasiment par cœur.

Derek ne réussit à tenir qu’une demie heure avant de craquer et de quitter la maison. Avant de franchir le pas de la porte, il avait senti sa nature de rugaru refaire surface mais une fois sortie, il fit un effort énorme pour paraître humain à nouveau. S’il se baladait avec les yeux noirs, les veines gonflées et les dents aiguisés, tout Mystic Falls allait préparer une chasse au monstre. Il se dirigea sans plus attendre vers le studio où Zooey existait son métier. Professeur de danse. On n’avait pas idée de faire ce genre de métier ! Quand il arriva enfin à bon port, Derek pouvait entendre la musique résonner, même si la pièce était extrêmement bien insonorisée. Mais il ne fallait pas oublier que Derek n’était pas humain et par conséquent, il entendait parfaitement bien la chanson de Brian Adams. Si la situation avait été autre, peut-être qu’il aurait apprécié cette musique, mais la situation ne se prêtait pas à vraiment à ça.

Discrètement, il se faufila à l’intérieur du studio et observa ce qu’il se passait. Son instinct était le bon : Zooey se trouvait bien seule avec un homme. Et Derek n’aimait pas du tout ce qu’il voyait. Ils étaient beaucoup trop collés à son goût. Une colère sourde commença à gronder en lui. D’ailleurs, il sut que sa présence avait été détectée par sa compagne, mais quand elle se redressa pour le voir, celui-ci s’était déjà dissimulé. Par on ne sait quel miracle, Derek réussit à conserver son calme jusqu’à la fin de la chanson. Le pas final nécessitait forcément qu’ils se retrouvent collé l’un à l’autre. Cela l’agaça profondément mais il prit son mal en patience jusqu’à ce qu’il trouve le temps beaucoup trop long. Finalement, la silhouette de Derek se dessina à l’entrée de la salle. Le cabot le reconnut et commença à remuer la queue. Pourquoi est-ce que ce chien de malheur était toujours content de le voir alors que lui ne le supportait pas ? Il vit le regard de Zooey changer et avant qu’elle n’ait pu tourner la tête vers lui, il déclara de son air le plus aimable :

- La leçon est terminée.

Mon adorable chien agite la queue et se remue dans son panier. Comme je l'avais sentit, j'entendis la voix de Derek qui confirma sa présence. C'est une voix calme et posée qui sortit de sa bouche, mais je le connais par coeur et je sais qu'interieurement il doit bouillir. Je lui lance un regard noir avant de me répondre à mon tour avec un petit sourire en coin.

《 te voilà mon chéri, je n'imaginais pas que le temps était passé si vite》

Je me retourne vers Patrick et le remercie pour sa confiance en lui donnant un nouveau rendez vous prochainement. J'attends que mon élève quitte le studio, je regarde sa silhouette s'éloigner avant de me retourner vers Derek en essayant de garder un calme relatif.

《 je peux savoir pourquoi tu es là ? 》

Je prend mon sac à terre et me dirige vers les casiers pour me changer, les vêtements de danse ne sont pas vraiment adaptés à la rue. Je jette un regard furtif pour vérifié que nous sommes seuls avant de me déshabiller.  Je repasse mes vêtements et lâche mes cheveux qui tombent en cascade sur mes épaules, j'attends toujours les explications de Derek. Je connais ses habitudes, son obession pour moi et ça ne me dérange pas tant qu'il n'investit pas mon espace professionnel. Est-ce que je vais  vérifier ses consultations moi ?

Je sais que je dois me préparer à une énième prise de tête, c'est toujours comme ça de toute façon, mais l'un comme l'autre on tiens trop à l'autre pour se faire la gueule, mais on arrive quand même à ce faire mal sans le vouloir. Je retourne dans le Studio et m'assois contre la grande glace et caresse la teinte de mon chien sans même m'en rendre compte.

Le maudit cabot remuait la queue. Comme si celui-ci était content de voir Derek. C’était complètement faux ! Le rugaru détestait ce chien qui n’était rien de plus qu’un caprice de Zooey. Un caprice qu’il lui avait cédé et qu’il regrettait à présent très amèrement. Derek détestait ce chien et il ne s’en cachait pas. Elle savait pertinemment qu’il ne l’aimait pas et elle lui avait bien fait comprendre que s’il arrivait quoi que ce soit à son chien, elle le quitterait. Alors il n’avait pas d’autre choix que d’attendre dix ans pour que le chien meurt une bonne fois pour toute. Après celui-là, il n’y en aura pas d’autre, Derek se l’était juré dès l’instant où la bestiole lui avait bien fait comprendre qu’il allait devoir partager Zooey. À son époque, les chiens étaient enfermés dans le chenille et ne servaient qu’à la chasse. Maintenant, les animaux dormaient presque dans le lit de leurs maîtres. Mais ça, c’était tout bonnement hors de question et puis, Zooey ne l’avait pas embêté avec ça donc rien que pour ça, il avait limite envie de la remercier. Après tout, elle aurait pu lui faire un caprice pour que le chiot dorme avec eux, mais cela n’avait pas été le cas. Comme le bon toutou qu’il n’était pas, Machin dormait dans son panier.

Après cette chorégraphie qui fit grincer des dents à Derek, celui-ci déclara que le cours était terminé. Il n’avait guère envie de voir un autre spectacle comme celui-ci. Le regard de Zooey s’était assombri quand il s’était enfin montré, preuve même qu’elle n’était pas des plus heureuse de le voir débarquer sur son lieu de travaille. Mais le rugaru n’en avait rien à faire. Même si le son de sa voix semblait calme et posé, à l’intérieur de lui, la rage bouillonnait et était prête à s’échapper d’une seconde à l’autre. Comme à son habitude, Zooey ne laissait rien transparaître face à son élève parce que leur dispute de couple ne regardait qu’eux. Le temps n’avait pas vraiment passé « très » vite puisque Derek avait assisté à toute la séance et y avait mis court peut-être plus rapidement que prévu. Mais il s’en fichait. Cette proximité entre elle et ce type là ne lui avait guère plu et il ne s’en cachait pas. Les sourcils de Derek se froncèrent encore plus lorsqu’elle proposa un autre rendez-vous à ce Patrick. Elle allait encore le revoir ?! Qu’allait-il donc pouvoir faire pour empêcher cela ? La séquestrer ? Non ! Il en était hors de question ! Ils avaient déjà été séquestrés une fois, plus jamais elle ne vivrait une telle chose, il s’en était fait la promesse.

Derek jeta un regard noir à l’homme qui prenait congé pour rentrer chez lui. Le silence régna entre le couple. Tant que ce Patrick ne serait pas assez loin, ils ne diraient rien. Puis quand ce fut chose faite, Zooey lui demanda la raison de sa présence au studio. Est-ce que répondre était nécessaire ? Derek croisa les bras sur son torse, serrant les dents, essayant tant bien que mal de rester calme. Il n’avait pas envie de se disputer avec elle. Ne desserrant pas encore les dents, Zooey n’attendit pas sa réponse pour prendre son sac et se changer devant lui. Le rugaru n’avait absolument aucun scrupule à la regarder pendant qu’elle se changeait. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’il la voyait aussi peu vêtue. Non pas que cela ne lui faisait plus rien de la voir quasiment nue, mais ce n’était définitivement pas le moment de penser à ce genre de chose. Quand Derek daigna desserrer enfin les dents, Zooey avait terminé de se changer et s’était assise à côté de son cabot de malheur qui était bien content d’accaparer l’attention de sa maîtresse. Fichu animal ! Derek voyait bien dans son regard qu’il était fier de lui et d’être source de toute l’attention de Zooey. Une furieuse envie de lui mettre un coup de pied aux fesses le prit, mais il refoula cette envie.

- Et pourquoi est-ce que je ne pourrais pas être là ? répondit-il.

Répondre à une question par une autre question : ce n’était pas ce qui se faisait de mieux, mais dans l’absolu, Derek n’avait rien de mieux à lui répondre. Il n’y avait pas de loi qui interdisait les conjoints à venir rendre visite sur le lieu de travail de l’autre. Il jeta un œil par la fenêtre, la nuit commençait à tomber. Il souffla et passa une main dans ses cheveux noirs ébènes.

- Je n’aime pas te savoir seule… comme ça, fit-il pour lui faire comprendre que c’était la situation qui l’embêtait plus qu’autre chose.

Il savait bien que parmi ses élèves, Zooey possédait aussi des hommes, mais il n’aimait pas la savoir seule avec eux. Pendant des cours normaux, il n’y avait pas de problème, mais pour des cours particuliers… c’était plus fort que lui, ça le rendait fou.

Mon chien est ce qui m'apaise le plus depuis longtemps, quand j'ai croisé la route de cette petite boule de poils je ne me doutais pas qu'il changerait ma vie de cette manière.  Quand je le vois faire la fête à Derek je suis peinée, j'aimerais bien qu'il essaie d'apprécier Hitch, ce chien c'est un peu mon bébé, celui que je n'aurais jamais, mais rien n'y fais, je crois qu'il est jaloux. En fait, j'en suis certaine et c'est très bête quand on y pense. Comme si l'affection que je porte à mon chien pourrait diminuer l'amour que je lui porte.
Je regarde Derek jeter un regard dédaigneux à Hitch et la colère monte encore un peu plus.
Comme toujours monsieur répond à une question par une autre et pourtant il sait que ça m'exaspère. J'ignore ça réponse et me contente d'attendre une meilleure réponse de sa part, un sourcil lever et l'air contrarié.  

Quand enfin je pense qu'il vas s'excuser il ose me sortir le chapelet du "je m'inquiète pour toi" , je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire. Un rire sans joie, il se fout vraiment de moi. Je me lève d'un bond avec la rapidité et la grâce d'un félin, mon chien se réfugie dans son panier la queue entre les jambes, je m'approche Derek et essaie de conserver une voix calme.

《 chéri ... je dois te rappeler notre place dans la chaîne alimentaire ? 》

Je ne me suis jamais comportée comme une victime, je ne supporte pas qu'on me considère comme une pauvre femme fragile. J'estime que j'ai traversé des épreuves difficiles et je m'en suis toujours sortie,pas toujours d'une manière honorable, mais je suis fière de qui je suis à l'heure actuelle. J'essaie de garder le cap de ma vie, je garde les pieds sur terre pour Derek et moi, car lui n'en n'est plus capable.

《 quel est le problème réel Derek ? Tu sais que je t'appartient, j'étais déjà à toi derrière ces maudits barreaux, qu'est ce que je pourrais faire de plus ? 》

Délicatement je pose ma main sur son visage, j'ai une boule de rage au creux du ventre, mais il faut que je passe outre, que j'essaie de le raisonner sans le contrarier, il serait capable de décapiter mon client.

Qu’est-ce qu’elle pouvait bien trouver à ce chien ? Allez savoir. Derek ne comprenait pas vraiment comment on pouvait s’attacher à ces bêtes là. Non pas qu’il n’aimait pas les animaux, il n’était pas non plus « sans cœur », mais il n’aimait pas ce chien là en particulier parce qu’il était obligé de partager Zooey. Appelons ça de la jalousie ou bien de la bêtise, si vous voulez. Mais le rugaru était excusable à cause de son état de santé mentale. Celle-ci avait profondément été touchée suite aux tortures et expérimentations qu’il avait subies lorsqu’il avait été fait prisonnier par l’organisation. Néanmoins, il était assez saint d’esprit pour comprendre qu’il ne valait mieux pas qu’il fasse en sorte que le chien disparaisse parce que sinon, il serait perdu. Zooey partirait et il se retrouverait sans point d’ancrage pour la réalité – en plus d’avoir le cœur définitivement brisé.

Zooey n’avait pas apprécié qu’il lui réponde par une autre question. Il l’avait très bien vu dans son regard et puis, il savait qu’elle n’aimait pas ça non plus. Sauf que quelque part, Derek soulevait un fait : pourquoi est-ce qu’il ne pourrait pas être là ? Mais il semblerait que Zooey n’ait pas envie d’y répondre dans tous les cas. Finalement, il tenta de lui faire comprendre de manière subtile qu’il n’aimait pas cette situation et que ça le contrariait, en lui sortant l’excuse de l’inquiétude qu’il avait pour elle, mais Zooey éclata de rire. Un rire sans aucune joie. Un rire qui ne promettait rien de bon et le visage de Derek s’assombrit encore plus. Il la regarda se lever d’un bond pour venir vers lui. Théoriquement, oui, elle avait raison, les rugarus avaient une bonne place dans la chaîne alimentaire.

- Ça n’empêche rien au fait qu’il y a des malades partout, répondit-il.

Même s’ils étaient des rugarus, ils s’étaient faits capturer par les membres de l’organisation et malgré leur place dans la chaîne alimentaire, ils s’étaient faits torturer et avaient subi des expériences. Bien sur, Derek avait une totale confiance sur les capacités de Zooey à se défendre, mais si elle tombait sur un malade qui l’emportait loin de lui ? Que deviendrait-il ? La question était facile à répondre : il partirait à sa recherche. Il deviendrait fou, bien évidemment. Cette fois-ci, il ne ferait aucun doute qu’il irait la sauver. La dernière fois, il était revenu au dernier moment mais aujourd’hui, sa priorité numéro un c’était elle.

Quand elle lui demanda quel était réellement le problème, il pensait qu’elle l’avait compris. Il n’y avait pas trente six mille possibilités sur ce qui le dérangeait. Néanmoins, elle avait raison sur une chose : elle lui appartenait depuis des années. Ce contact sur sa joue l’apaisa comme à chaque fois, mais Derek était extrêmement têtu alors il n’en montra rien, même si malgré lui, les traits de son visage se détendirent un peu.

- Pourquoi pas éviter de donner des cours particuliers à ce genre d’individus ?

Pour Derek, c’était comme si ce Patrick faisait parti des gens non fréquentables. Mais quelque part il l’était parce qu’il faisait parti de la gente masculine. Il ne supportait pas que les hommes s’approchent d’un peu trop près de Zooey. Et les voir si proches l’un de l’autre pendant cette danse l’avait rendu fou. Même si c’était professionnel, il n’aimait pas ça. Il avait bien le droit, non ?

Mon dieu qu'il m'énerve parfois ! Enfin je ne crois pas en dieu,  et ce n'est pas que parfois que ma patience est mise à rude épreuve.  Derek c'est un peu comme un enfant unique pourris gâté qui refuse de partager son jouet, sauf qu'il n'est plus enfant depuis longtemps et que je n'ai rien du barbie. Bien entendu docteur Freud à réponse à tout et fais mine de voir des psychopathes à tous les coins de rues, un peu exaspérée je marmonne j'en ai un dans mon lit et je suis toujours en vie. L'humour est probablement la seule chose que j'ai gardé de mes racines britannique, enfin irlandaise il ne faudrait pas déclencher une nouvelle guerre. Il n'empêche que je ne réponds pas à sa question, je n'ai pas envie de répondre parce que je sais que je serais désobligeante et probablement blessante, je n'ai pas envie de ça.

En me levant j'espère le ramener à la raison, je me fais violence et parle doucement en posant une main sur son visage dans un geste tendre. Dans une énième démonstration de mon amour je voudrais qu'il comprenne que je l'aime et que je suis à lui corp et âme pour l'éternité mais au lieu de ce contenté d'une réponse bateau il faut bien évidemment qu'il me demande de ne plus fréquenter "ce genre d'individus" . Je recule d'un pas et les veines de mon visage ressortent dangereusement, je commence à perdre mon self contrôle et je n'aime pas ça. Je n'aime pas quand la bête qui est en moi fait surface, en tout cas pas dans ma vie de couple, pas comme ça, mais il me met hors de moi.

《 j'ai vécus toute ma vie sous les ordres ! Ne crois surtout pas que tu vas m'imposer quoique ce soit Derek Porter ! Je suis avec toi parce que je t'aime et RIEN D'AUTRE !  Ne l'oublie jamais !  》

Ma respiration devient haletante, des souvenirs douloureux me reviennent en mémoire et j'essaie de garder le cap. Je focalise sur la vie que j'ai aujourd'hui, sur celle que je rêve d'avoir dans le futur et je sens mes traits retrouver leurs beauté habituelle.

《 Je veux une vie normale Derek ... une vie normale ... 》

Je serre les poings et me renferme doucement sur moi même, je n'ai pas envie que la situation ce complique, je n'ai pas envie de me battre, mais s'il le faut alors je le ferais. Pour lui montrer que je ne suis pas une poupée écervelée qu'on peut manipuler et contrôler.

Il sentait bien que Zooey était entrain de perdre patience, mais ça ne l’impressionnait pas du tout. Il en fallait bien plus pour impressionner Derek. C’était comme ça. Surtout après tout ce qu’il avait vécu. Il restait donc campé sur ses positions et ne prêta pas attention aux marmonnements de la jeune femme. Oui, elle partageait sa vie avec un malade. Derek en était bien conscient. Il connaissait son état de santé mentale : elle était fragile. Elle tenait encore debout, mais il suffisait d’un rien la faire s’écrouler. Il était chanceux d’avoir quelqu’un comme Zooey à ses côtés, qui prenait le temps de la reconstruire morceau par morceau et ce, avec patience. Et parfois, il ne le méritait vraiment pas. C’était vraiment la preuve qu’elle était son âme sœur car après tout, qui serait assez fou pour supporter quelqu’un comme lui ?

Ne se laissant pas démonter par ses paroles, il continua d’être une tête de mule. Néanmoins, par le touché de sa main sur sa joue, Derek se détendit un brin, mais pas assez pour capituler et exprimer éventuellement des excuses pour être venu jusqu’au studio où elle travaillait. Au contraire, il déclara qu’il ne voulait plus qu’elle fréquente ce genre d’individus dans des cours particuliers. Cependant, plutôt que de lui faire cette demande sous forme d’ordre, il s’exprima sous forme de question rhétorique. La réaction de Zooey ne se fit pas attendre, elle recula d’un pas, s’éloignant ainsi de lui, et débuta sa transformation. Le regard de Derek noircit à son tour. Il n’en fallait pas beaucoup pour que le rugaru refasse surface chez lui. Sa transformation alla jusqu’au même stade que celui de Zooey mais elle n’alla pas plus loin. Contrairement à elle, Derek n’arrivait pas à contrôler cette autre partie de lui.

Même son énième déclaration d’amour ne suffit pas à le calmer. Au contraire, le rugaru continuait de se montrer, mais il ne bougea pas d’un poil. Pas encore tout du moins. Après avoir « craché » son venin, Zooey commença à retrouver ses traits humains, mais ce n’était pas le cas de Derek dont la respiration commençait à s’accélérer. Il commençait sérieusement à perdre patience puis, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase quand elle réclama une vie normale.

- Une vie normale, railla-t-il. Comme si c’était possible !

Une espèce de sourire se dessina sur son visage déformé par sa nature surnaturelle.

- Nous ne sommes pas normaux, continua-t-il. Déjà, nous sommes des rugarus donc nous sommes très loin d’être normaux. Deuxièmement, avec toutes ces expériences que nous avons subies, tu crois franchement qu’on en est capable ? Toi, comme moi, avons des séquelles plus ou moins graves alors non, quoi que tu en dises, nous ne serons jamais normaux !

La patience que j'ai développé au cours du temps est proportionnelle à l'amour que je porte à Derek. Il est le centre de mon univers depuis des années, je ne saurais pas vivre sans lui, sans sa folie, mais parfois je suffoque. Peut être que ce soir c'est la pleine lune, que j'ai une montée d'hormones, que je me suis levée du pied gauche, peut être bien qu'aujourd'hui ce n'était juste pas le bon jour. J'ai l'impression qu'on commence à glisser dans un rapport de force, je sais que je serais perdante avant même de débuter. Non pas que je n'ai pas la force nécessaire pour le contrer, on ne parle pas de bataille physique, mais bien mentale et Derek est ... Derek. Je ne saurais pas le laisser tomber dans l'abîme dans lequel il se plongera si je ne le retiens pas.

Quand je perd pied, Derek plonge avec moi, je vois ses traits changer, son magnifique regard d'acier devient ébène, il ferait peur à n'importe quelle personne saine d'esprit, mais pas à moi. En plus d'être de la même race, je sais qu'il préférait se tuer que de me faire du mal, tout comme moi. Notre état dépend de notre humeur et là, je pense que nous sommes tout deux dans un état de contrariété avancé.

Après avoir tenté de lui faire comprendre une nouvelle fois l'impossible, je retrouve mes traits habituels, mais pas Derek. Il n'y arrive pas de lui même. Il se moque de moi, enfin de mes envies de vie normale et je sens la pression monter une nouvelle fois dans mes veines, mais cette fois je tiens bon, je résiste pour lui prouver que si on veut on y arrive. Toutefois je me retourne en laissant sortir un cris, un grognement de ma gorge avant de lui répondre, sur un ton cassant, probablement plus dur que je ne le souhaitais au fond de moi.

《 Tu vois c'est ÇA ton problème ! Tu n'arrive pas à te voir, à NOUS voir comme des personnes normales! Tu reste bloqué dans le passé, tu n'avance pas ou à contre sens ! 》

La boule de rage que j'avais dans le ventre se mue progressivement en tristesse et vient trouver une place dans ma gorge. Fini le grognement, j'ai les yeux humides et la voix tremblante quand je me remet à parler.

《 je ne sais pas où on vas Derek, je ne sais pas comment on vas arriver à vivre comme ça si je suis là seule à avoir envie d'une vie ... réelle,pas d'une masquerade. J'ai envie d'avoir des amis, de voir des gens, mon métier me plaît parce que pour la première fois de ma vie je l'ai choisis... 》

Dans un élan stupide de rage et de peine je donne un coup de poing dans le miroir, pas celui qui me reflétait non, celui où la silhouette de Derek se dessinait. Étrangement, ça ne m'a pas fait du bien au contraire. Une chaleur commence à couler le long de mon bras, je ne regarde pas car je sais que je dois avoir sectionné quelques vaisseaux ou veines. Je ne ressent pas vraiment de douleur, mon corp à apprit à gérer ça, je me sent mal quand je réalise, mais ne montre rien. Je reste figée, le regard noir, une larme perlant sur la joue. J'attends ... j'attends probablement un miracle, mais je viens certainement de débuter une bataille...

Derek était habitué aux reproches. Ce n’était pas la première fois que Zooey avait des choses à lui dire. Bizarrement, ça faisait un petit moment qu’ils n’avaient pas eu de dispute alors il fallait bien que ça arrive à un moment ou un autre. Peut-être que s’il n’y avait pas eu de dispute jusqu’à présent, c’était parce que Zooey n’avait rien fait pour contrarier Derek à ce point. Il avait bien conscience que son état pouvait être fortement envahissant mais il ne pouvait rien y faire, c’était beaucoup plus fort que lui. Parfois, il essayait de faire des efforts mais ce n’était malheureusement pas tout le temps possible. Il fallait qu’il l’ouvre et bien souvent, cela déclenchait des disputes plus ou moins fortes. Celles-ci ne se terminaient pas toujours de la même façon et dans le cas présent, Derek ne savait pas du tout comment celle-ci allait finir.

Voir Zooey entamer une transformation avait automatiquement fait de même sur Derek. Sauf que quand elle, elle reprit son apparence normale, il ne put le faire parce qu’il ne contrôlait pas toujours son autre moitié de lui-même. Néanmoins, il ne lui ferait pas de mal. Il l’aimait de trop pour ça. Il était évident que Derek préférerait se tuer ou bien faire passer sa colère sur quelqu’un d’autre que sur elle. Il donnerait toujours sa vie pour elle. Si jamais ils devaient à nouveau vivre le calvaire qu’avait été leur vie pendant plusieurs dizaines d’années, Derek ferait tout pour que ce soit Zooey qui s’en sorte en priorité.

Les paroles de Zooey le firent ricaner un peu malgré lui qui ne pouvait pas contrôler son rugaru. Contre son gré, un sourire narquois se dessina sur son visage déformé avant qu’il ne crache avec conviction qu’ils n’auraient jamais de vie normale à cause de ce qu’ils avaient subi et surtout à cause du traumatisme mental qu’ils avaient tous les deux subis. Des deux, il était certain que c’était lui qui avait le plus de séquelles étant donné sa sérieuse déficience mentale, mais peu importait, Derek ne se conforma pas des détails. Il vit bien que Zooey bouillonnait mais elle conserva son self control. Elle lui fit dos et lâcha un crie. Derek resta de marbre, continuant d’aborder son air le plus mauvais.

Elle lui reprocha à son tour d’être un obstacle pour l’avancement dans leur vie parce qu’il était continuellement bloqué sur le passé. Elle n’avait pas tort. Il arrivait encore qu’il se réveille en sursaut au beau milieu de la nuit à la suite d’un énième cauchemar sur ces années d’enfermement. Un comble pour un psychiatre de ne pas pouvoir aller au-delà de ses tourments. Dans un silence quasiment religieux, Derek écouta ce que Zooey avait sur le cœur. Il ne dit rien, ni ne fit rien. Il plongea son regard dans le sien à travers le miroir. Puis, tout à coup, ses poings se serrèrent lorsqu’elle brisa son image dans le miroir. À défaut de le frapper, lui, elle avait préféré frapper la glace. Ce n’était pas tant parce qu’elle avait fait ça, mais plutôt à cause de l’odeur du sang qui se mit à couler.

- Quoi que tu puisses en dire, nous ne sommes pas normaux, insista-t-il. Regardes nous deux secondes ! Plutôt que d’aller manger des hamburgers de piètre qualité dans ce grill miteux, nous chassons en forêt pour pouvoir contenter cette partie de nous-même qui ne cessera jamais d’exister, aussi aveugle souhaites-tu être.

Mais peut-être qu’au fond, c’était ça que Zooey souhaitait ? Aller manger des hamburgers au Mystic Grill comme tout le monde.

- Et devenir amie avec des gens ? Mais d’après ce que je peux voir, tu fais un peu plus que devenir amie avec ces gens là, non ? lâcha-t-il comme une bombe.

La jalousie avait repris le dessus, une fois de plus. Il ne pensait pas un tiers de tout cela, mais c’était plus fort que lui : c’était sorti.

C'est vrai que nous n'avons pas des natures "normales" par définition, certes avoir envie de déguster chaque humain qui passe n'est pas une chose normale. Les vampires arrivent à se contrôler, je ne vois pas pourquoi il en serait autrement pour les rugaru ? C'est vrai aussi que Derek et moi avons un passif difficile, lui plus que moi, mais je ne comprend pas comment est-ce qu'il n'arrive pas simplement à voir que la vie qui s'offre à nous est merveilleuse ?!
Je commence à être dépassée par son attitude et même si je n'ai pas envie de céder, j'ai bien l'impression que nous allons droit dans le mur si je ne fini pas par plier. C'est toujours comme ça, Derek fini par gagner car je me retire, je capitule. Je n'ai pas envie de lui faire de mal, physiquement il s'en fiche royalement (tout comme moi), mais psychologiquement il est si fragile et si vite à bout de ses émotions que je n'ai pas envie de jouer à ça. Je le laisse finir sa tirade, nous ne serons jamais normaux et blablabla ... Sans m'en rendre compte je viens d'essuyer ma main sanglante sur mon haut, il est bon à mettre à la poubelle, je n'arriverais jamais à récupérer cette tache.

J'allais capitulé, lui dire qu'il avait gagné, que nous allions vivre en hermites jusqu'à la fin de nos jours quand il sous-entends que j'offre plus que des cours de danse. Là c'est la goutte d'eau qu'il fait déborder le vase. Je ne supporte pas ce genre d'allégation et il le sait. J'ai passé ma vie d'humaine à vendre mes charmes, dés mon plus jeune âge mes parents m'ont gentiment offerte à des hommes et je détestai ça. Je me demande si Derek sait le mal qu'il vient de me faire, mais je crois que dans son état il se fiche de me faire mal ou alors c'est justement ce qu'il cherche. Très bien, tu veux jouer, on vas jouer.

《 ben oui et alors ? J'essaie de me faire une réputation et tu sais bien comment ça vas, il faut offrir des services exceptionnels pour marquer les esprits. Tu n'imagines pas le nombres de CLIENTS que j'ai en cours particuliers. Je crois que je n'ai rien perdu de mes talents de séductrice... 》

Et PAF !  Mais en m’énervant je commence à perdre mon contrôle et je n'ai pas remarqué que ma transformation est quasi terminée, c'est en entendant ma voix, légèrement différente que je comprend. Oh et puis merde ! Je suis ce que je suis et pour lutter à armes égales je n'ai pas le choix. Mon visage s'est allongé, mes dents sont devenues de vraies lames de rasoirs et mes yeux verts sont désormais noirs ébènes.

Pour Derek, il semblait plus qu’évident qu’ils n’étaient pas normaux. Ils étaient des rugarus obligés de se nourrir de viande fraîche pour survivre donc forcément, question normalité, ils pouvaient repasser. Sauf que Zooey avait des rêves de normalité qu’il semblait évident pour Derek que ces rêves étaient impossibles à franchir, même en y mettant la meilleure volonté du monde. En plus de cela, il y avait leur passé. Leur passé qui ne cessait de poursuivre le rugaru et le réveiller la nuit. Les tortures qu’il avait subies l’avaient malheureusement brisé en mille morceaux, si ce n’est plus. Des deux, il avait été celui qui avait le plus touché par ces expériences. Le pourquoi du comment était un véritable mystère car jamais il ne pourrait affirmer qu’il avait subi des expériences peut-être pires que celles de Zooey, tout comme il ne pouvait affirmer être plus faible d’esprit qu’elle.

Les mots dépassaient sincèrement la pensée de Derek. S’il avait été encore humain en cet instant, il aurait sans aucun doute réfléchi à six fois, si ce n’est plus, avant de parler. Mais le côté rugaru avait pris le dessus et Derek ne contrôlait plus rien. Les mots avaient été au-delà de ses pensées quand il affirma que Zooey semblait faire beaucoup plus que de donner des cours de danse. La jalousie était extrêmement mauvaise chez lui, surtout quand il surprenait un homme la coller beaucoup trop. Par mille fois, il avait eu la preuve évidente qu’il n’y avait que lui et qu’il n’y aurait jamais personne d’autre que lui, mais c’était plus fort que lui, il n’arrivait pas à refouler ce sentiment maladif. À cela s’ajoutait aussi l’odeur de sang et elle n’arrangeait rien à son état.

Derek n’arrivait pas à refouler son côté rugaru pour laisser place à l’humain. Il avait besoin de Zooey pour ça car il n’y avait qu’elle qui arrivait à le stabiliser et à le calmer. Mais dans leur état d’esprit à tous les deux, ce n’était pas tout de suite qu’il allait retrouver le calme. Ils avaient tous les deux besoins d’exploser. Techniquement, Derek n’avait pas grand chose à reprocher à Zooey mis à part de s’être laissée coller de cette façon par son élève, tandis que de son côté, Zooey avait beaucoup plus de choses sur le cœur, comme à chaque fois qu’ils se disputaient. Il essayait de prendre en compte tout ce qu’elle lui reprochait pour les améliorer, mais ce n’était jamais vraiment facile. Et pourtant, depuis qu’ils étaient ensemble, Derek avait parcouru un long chemin et avait souvent pris sur lui afin de pouvoir accéder aux souhaits de Zooey. Il était évident que sur certaines choses, ça avait capoté, mais pour d’autres, il avait plus ou moins réussi.

Finalement, Zooey rentra dans son jeu et alimenta les paroles de Derek par rapport au fait qu’il les avait vu un peu trop collé-serré à son goût. Il n’ignorait rien du passé de Zooey, surtout par rapport au fait qu’elle avait été « vendue » à des hommes par ses parents et c’était ce genre de chose que Derek s’était plus ou moins promis d’aborder. Sauf que là, c’était le rugaru qui avait parlé et non pas lui. Était-ce excusable pour autant ? Bien évidemment que non. Tout le corps de Derek se contracta en entendant sa réponse. Il avait une envie folle de laisser libre court à sa colère, mais il se maîtrisait encore. Tout du moins, il n’allait pas tarder à ne plus le faire. À son tour, Zooey relaissa son côté rugaru prendre le dessus. Au fond de lui, Derek savait pertinemment qu’il était foutu. Tant qu’elle n’aurait pas repris pied à terre, il serait incapable de le faire également.

Il luttait de toutes ses forces pour que sa colère reste au fond de lui, mais malgré ses efforts, il n’y arrivait pas. Quand elle termina ses paroles, Derek se précipita sur elle et la plaqua au sol. De la paume de ses mains, le rugaru sentit la vibration du choc parcourir ses bras mais il ne s’en préoccupa pas outre mesure. Un grondement s’échappa de sa bouche et il planta son regard noir ébène dans le sien.

- Qu’est-ce que tu crois faire, exactement ? rugit-il.

A quoi est-ce que je pensais quand j'ai répondu à Derek ? Je ne suis pas si irréfléchie d'habitude, je sais qu'il faut que je sois calme et j'en ai été incapable. Quand je vois son regard changer je sais que j'ai fait une erreur mais qu'il est déjà trop tard. Le parquet dur de la salle de danse accueille ma chute, j'entends un craquement et vu la douleur qui irradie je sais que ma clavicule vient de lâcher et je grogne à la fois de douleur et de rage. Je ne supporte plus qu'un homme me touche, me fasse du mal et cela il le sait.

Derek appuie tout son poids sur moi et me demande ce que je pense faire, en grognant. Je sens mon os en compote et j'ai une douleur qui monte dans le crâne, ça va me coûter cher cette crise de jalousie. J'approche mon visage du sien et colle presque le bout de mon nez au sien.

《 Et toi ? Ce n'est pas ce que tu veux ?》

D'un coup de genoux je me dégage et fonce sur Derek pour l'envoyer voler quelques mètres plus loin. Je ne fais pas le poids, en plus d'être un homme, il est aussi plus vieux que moi et mange probablement plus de viande fraîche que moi, mais je ne compte pas me laisser faire. Il sait ce dont je suis capable, tout comme je sais de quoi lui est capable.  

《 C'est tout ce que tu as envie de faire, là ? Me casser l'épaule et me battre ? Je me suis trompée sur toi...  》

Je serre une nouvelle fois les poings et m'apprête à essuyer une nouvelle vague, j'ai choisi de faire revenir mon humanité. Je n'ai pas envie d'arriver au point de non retour, il faut que j'essaie de le ramener, même si j'en ai gros sur le coeur et que j'ai envie de lui arracher la tête.
Lui faire mal me fait mal, je garde une grande part d'humanité même durant ma transformation. C'est peut-être une sorte de faiblesse, je ne sais pas, mais je l'aime et ces situations sont dures à vivre. Heureusement, elles ne sont pas fréquentes, jamais il ne m'avait cassé quelque chose en tout cas.
Ne m'étant pas nourrie depuis un moment la cicatrisation traîne et même si je sens les tissus se reconstruire j'ai mal et ne saurais pas me défendre comme je le voudrais.

Les pulsions de Derek étaient parfois meurtrières mais fort heureusement, jamais celles-ci ne se dirigeaient vers Zooey. Enfin ça c’était jusqu’à aujourd’hui. Pourquoi est-ce qu’aujourd’hui c’était différent ? Le rugaru était entré dans une colère si noire qu’il n’avait absolument plus aucune maîtrise de lui-même. Et que Zooey perde elle-même son propre contrôle n’aidait pas du tout à ce que Derek garde le sien. Les paroles prononcées n’étaient pas du tout mesurées et encore moins réfléchies. Il était plus qu’évident que Derek ne dirait jamais ce genre de choses à Zooey. Il connaissait son passé, il savait à quel point elle en avait souffert et il trouvait scandaleux que ses parents aient vendu un être aussi extraordinaire, un être qui s’avérait être son âme sœur, celle qui lui était destinée.

Le corps du rugaru s’était mis en action bien avant qu’il ne prenne conscience de ce qu’il était entrain de faire et il se retrouva à plaquer Zooey sur le parquet de son studio de danse. Les vibrations parcoururent les bras de Derek et s’arrêtèrent au niveau de ses épaules. Mais il ne prêta aucune attention à cela. Il appuyait de tout son poids sur la jeune femme, sachant très bien qu’elle pourrait le dégager à n’importe quel moment puisqu’ils étaient à force plus ou moins égale. Le grognement qui s’échappa des lèvres de sa compagne confirma qu’il lui avait brisé quelque chose. Rien qui ne pourrait être guéri le lendemain matin. Mais jamais Derek n’avait blessé Zooey intentionnellement auparavant.

La colère irradiait de leurs deux corps et elle réussit à redresser sa tête suffisamment pour que les bouts de leurs nez viennent se toucher. Il n’eut guère le temps de répondre qu’il se prit un coup de genou qui lui arracha un grognement. Derek relâcha suffisamment sa prise pour que Zooey se dégage. Le rugaru se redressa mais elle lui fonça dessus en quelques secondes à peine et il se retrouva à voler au travers du studio, atterrissant durement dans le mur, faisant un trou dans le plâtre. Il atterrit au sol, se réceptionnant sur ses pieds. Il releva la tête, les traits déjà déformés par ceux du rugaru, irradiant de colère. Néanmoins, les paroles de Zooey qui suivirent eurent le don de couper Derek dans son élan. Le mot « battre » résonnait dans sa tête comme une litanie.

L’effet fut quasiment immédiat car les traits de Derek redevinrent humains et l’hébétude se dessina progressivement. Qu’avait-il fait ? Qu’avait-il dit ? Maladroitement, il se releva et fixa bêtement Zooey.

- Je…

Il ne savait quoi dire. Il l’avait blessé. Il lui avait fait du mal pour la première fois alors qu’il avait juré que jamais elle n’aurait à souffrir par sa faute. Il avait failli à cette promesse. Il ne la méritait pas. Le désespoir avait envahi son regard. Les mots étaient bloqués dans sa gorge. Il ne savait pas quoi dire pour s’excuser parce qu’au fond de lui, il savait pertinemment que ce qu’il venait de faire était impardonnable. Petit à petit, Derek reprenait conscience de ce qu’il venait de se passer. La panique commençait à le gagner et avant de devenir dingue par son geste, il prit la fuite, trouvant très rapidement les bois. Derek souhaitait mettre de la distance entre lui et Zooey. Jamais il ne se pardonnerait de lui avoir fait du mal. Elle était blessée et c’était de sa faute. Il avait laissé la colère le gagner, le contrôler ; preuve même qu’il était faible face à ses pulsions. Il détestait cela. Il se détestait pour ce qu’il venait de faire. Zooey méritait tellement mieux que lui et pourtant, ça le rendrait malade de la voir avec un autre, ça le rendrait fou.

Ces moments aussi rares que désagréables ne s'éternisent jamais. Je l'aime tellement que je ne saurais plus respirer sans lui à mes côtés et pour la première fois depuis sept années nous avons perdu notre calme ensemble. Il m'a blessé, tant physiquement que mentalement, il m'a mise hors de moi , mais comme toujours je dois le contrôler, je dois me retrouver pour ne pas qu'il dérive. J'essaie de lui faire reprendre prise et la seule chose que je trouve à lui dire c'est la vérité, un peu brutale c'est vrai, mais la stricte vérité.

La réaction de Derek ne se fait pas attendre, je reste solidement plantée devant lui, mon regard planté dans le sien et rapidement ses traits se radoucissent, je retrouve ce regard bleu acier qui me séduit chaque jour.
Il balbutie un peu et je décèle une certaine forme de panique dans ses yeux. Il m'avait promis de me protéger, que plus jamais personne ne me ferait de mal et il vient de réaliser que c'est lui-même qui vient de briser cette promesse.

J'avance d'un pas et contre toute attente Derek fuit le studio. Je n'ai pas le temps de le retenir que le vent déplacé par sa fuite me caresse le visage.

《 hen... Derek ...  》

La mine triste je remet rapidement un peu d'ordre dans le studio avant de me mettre à la recherche de ma moitié. J'appel Hitch qui est prostré dans un coin, comme pour en rajouter une couche mon chien à désormais peur de moi. J'arrive tant bien que mal à le rassurer et je sort du studio essayant de retrouver la piste de Derek.

《 aller Hitch ... on cherche papa ...  》

Les rues de Mystic Falls sont sombres et dépeuplée, j'entend des pas derrières moi et je perçois une odeur d'alcool avant d'entendre une voix éraillée appeler mon chien. MON CHIEN ! Je me retourne et fais face à un homme assez imposant, je suis petite et fine, mais je suis aussi ce que la terre porte de pire en tant que prédateur. Je rappel Hitch qui revient auprès de moi.

- il est beau vot' chien mam'zelle

Le petit sourire qu'il arbore de même que le regard lubrique qui passe dans ses yeux ne me laisse aucun doute quand à ses intentions.

《 je sais merci... bonne soirée, allez Hitch, en route !  》

Comme toujours je lui laisse une chance, une chance de vivre. Je suis énervée, je suis inquiète et je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre d'individus. Je me retourne et avance quand je sens une main sur ma taille. Mon regard devient noire, mes dents s'allongent et pour la première fois depuis quelques semaines, je plante mes crocs dans la chaire humaine. Le sang couleur le long de ma gorge et un cris strident s'échappe. Je goûte le malt et l'orge de son whisky bon marché dans sa chaire. Il n'a pas vraiment bon goût, mais ça fait du bien. Je sens presque instantanément mon corps se remettre de ses blessures, je sens mes batteries se recharger. Quand je me suis nourrie suffisamment, je fais attention à ne laisser aucunes traces sur le corps, je le lacère pour faire croire à l'intervention d'une bête féroce. Je suis un peu honteuse de moi, j'essaie de ne pas me nourrir d'humain, mais lui l'avait un peu chercher.

J'essuie le bord de mes lèvres et mes sens décuplés sont titillés par une odeur familière, celle de Derek qui vient de la forêt. Je me met à courir, je n'ai pas envie de le laisser seul trop longtemps. Ma course folle s'achève, je le vois au loin et je sais qu'il vas m'entendre. Je m'approche délicatement de lui, je n'ai pas envie qu'il parte une fois de plus.

《 Derek ... chéri ... regarde moi s'il te plait ...  》

Ma voix est douce, tout comme mon regard et la main que je tend vers lui. Je l'approche comme on approche un animal blessé, doucement.

《 ce n'est rien Derek, ce n'était pas toi je le sais ... s'il te plait vient, on rentre ... 》

Qu’avait-il fait ? Pourquoi l’avait-il fait ? Il s’était laissé déborder par ce trop plein d’émotions tous aussi contradictoire les uns que les autres. Jamais il n’aurait dû faire mal à Zooey. Il se l’était promis. Au départ, c’était surtout vis-à-vis de ces années de galères qu’ils avaient vécu ensemble, mais une fois qu’ils avaient pu prendre la fuite, Derek avait appris le passé de sa chère et tendre et sa promesse de ne jamais lui faire le moindre mal s’était renforcée. Mais voilà que le rugaru en lui en avait décidé de briser cette promesse et jamais il ne trouverait la force de se pardonner. Quand il avait vu le regard de Zooey, il avait senti quelque chose en lui se détruire.

La fuite semblait être la solution. D’une pulsion, Derek s’était dit qu’il valait mieux pour elle qu’il mette de la distance entre eux. Il ne voulait pas lui faire du mal à nouveau. Une fois était déjà bien au-delà du supportable, alors recommencer ? C’était tout simplement impossible. La seule chose à faire pour l’instant, c’était d’être le plus loin possible. Il savait très bien qu’il était dangereux. Même s’il s’évertuait à vivre une vie normale, il était parfaitement conscient du fait qu’il n’était pas saint mentalement. Qu’à tout moment, il pouvait tout simplement péter les plombs et blesser Zooey encore plus que ce qu’il venait de faire. Et il ne voulait pas que ça ait lieu à nouveau.

Derek avait trouvé refuge dans les bois bordant Mystic Falls. Il avait couru aussi loin que possible. Tout du moins bien assez pour qu’on ne le retrouve pas facilement – enfin c’était ce qu’il croyait. Agrippé à un arbre, le rugaru essayait de se calmer, mais c’était vraiment très difficile. Il n’arrivait pas à se débarrasser des images de ce qu’il s’était passé et le mot « battre » résonnait encore et encore dans sa tête. Il secoua la tête violemment et se remit en marche. Il s’en voulait, ça le rongeait. Il en vint à penser que peut-être Zooey serait mille fois mieux sans lui – même si ça le tuerait. Après tout, elle désirait une vie que lui n’avait pas vraiment la force de lui offrir : une vie normale. La normalité n’était pas pour lui, même s’il essayait de rentrer dans un moule de normalité pour lui faire plaisir. De toute manière, la vie de Derek n’était faite que pour faire plaisir à Zooey. Tout comme lorsqu’il avait accepté qu’elle ait ce maudit cabot.

Finalement, Derek cessa de marcher. Sa respiration n’était plus aussi haletante qu’au départ, mais la panique était toujours là. À aucun moment le rugaru ne s’était dit qu’elle irait à sa recherche. Au contraire, dans sa tête il était même clair qu’elle profiterait de la liberté qu’il lui offrait. Mais quand il entendit le son de sa voix, Derek se crispa. Que faisait-elle ici ? Pourquoi était-elle venue ? Il lui avait fait du mal alors pourquoi est-ce qu’elle était là ? De ce qu’il savait au son de sa voix, elle n’était pas encore tout à fait près de lui, elle était encore à plusieurs mètres de lui. Il ne bougea pas d’un poil tandis qu’elle lui demandait de la regarder. Sauf que ça, c’était au-delà de ses forces. Il n’était vraiment pas capable d’affronter Zooey après ce qu’il venait de faire.

Il l’entendait approcher et tout son corps lui criait de se remettre en route et s’éloigner à nouveau d’elle, sauf qu’il semblait bloquer pour une raison qu’il ignorait. Elle avait beau lui dire que ce n’était rien et que ce n’était pas de sa faute, Derek n’arrivait pas à voir les choses autrement. Si, c’était de sa faute parce qu’au fond, il avait été tout à fait conscient de ce qu’il avait fait, même si c’était le rugaru qui avait agi pour lui et par instinct. Rentrer pour lui était impossible. Il s’en voulait beaucoup trop pour faire comme s’il ne s’était rien passé.

- Non, répondit-il.

Sa voix se voulait sèche, mais au fond, on y sentait le mal être qui l’habitait pour avoir agi de cette façon envers Zooey. Il essayait de conserver son calme mais c’était difficile. À présent, c’était plus de la peur panique que de la colère – à moins bien évidemment que cela soit de la colère envers lui.

- J’avais promis et j’ai manqué à ma promesse, continua-t-il.

Il savait bien qu’elle s’approchait encore, mais que pouvait-il faire ? Ses jambes refusaient d’avancer parce que tout son être reconnaissait son âme sœur et voulait être auprès d’elle. Alors que lui restait-il ? La repousser encore et encore jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’il pouvait être dangereux maintenant qu’il avait franchi un cap ?

Dans les multiples facettes de Derek il y a l'homme de parole, celui qui vient d'un temps passé, un temps où quand on donne sa parole on ne doit pas faillir. Je sais qu'il déteste ne pas respecter une promesse, il avait promis de ne jamais me faire de mal, de me protéger et en me "bouscoulant" de cette manière il avait rompu cette promesse. Enfin ça c'est sa manière de voir, ce n'est pas ce que je pense.

Je pense que nous sommes des prédateurs qui peuvent être sans coeur et sans morale, si j'arrive à me contrôler je sais aussi que c'est loin d'être le cas de beaucoup de nos semblables et si Derek s'est laissé prendre par la colère je ne peux pas lui en vouloir.

Il est toujours prostré à côté d'un grand arbre, il ne me regarde pas, je sens chaque parcelle de son corps se crisper. Je continue d'avancer doucement et quand j'entends son "non" je m'arrête, secoue la tête et quand il reprend la parole j'ai la gorge serrée. J'avance à nouveau de quelques pas et passe mes bras autour de sa taille, son coeur bat la chamade tout comme le miens. Je pose la tête dans son dos et respire calmement.

《 on a perdu les pédales Derek, ça devait arriver un jour, nous sommes de prédateurs, c'est notre nature. Nous sommes des monstres ... je ne t'en veux pas alors s'il te plaît ... pardonne toi 》

Dans un mouvement rapide je passe devant Derek et je plonge mon regard dans le sien, ma main se pose sur son visage et je le force à me regarder.

《 je t'aime Derek, je ne pourrais jamais vivre sans toi, tu me l'avais promis, tu ne me quittera jamais alors je t'en prie, reste avec moi, revient ...》

Jamais, o grand jamais, Derek n’avait souhaité faire du mal à Zooey. Il avait promis de la protéger et de ne jamais lui faire le moindre mal. Depuis qu’ils étaient ensemble, elle avait toujours veillé à ce qu’il ne dépasse jamais la limite quand il était sous sa forme du rugaru. Elle comme lui savait ce que ça lui couterait de se laisser aller. La folie n’était jamais loin quand il s’agissait de Derek et lorsqu’il perdait le contrôle de sa bête, il ne savait plus du tout ce qu’il faisait. La bête avait profité de la dispute qu’il y avait eu entre eux deux pour prendre le dessus.

Quand Zooey côtoyait d’autres hommes, c’était plus fort que lui, Derek était jaloux. Pourtant, il savait qu’elle lui était fidèle et lui appartenait corps et âme, mais malgré tout ça, il ne contrôlait rien. Il tenait tellement à elle que cela pouvait très vite virer à l’obsession. Une obsession qui pouvait s’avérer être malsaine par moment. Et pourtant, elle était toujours à ses cotés alors qu’elle aurait pu avoir mille raisons de le fuir. Le pire c’est que si elle lui demandait de partir et de la laisser vivre sa vie, il le ferait. Ca le rendrait fou, mais il accepterait pour respecter sa volonté. Bien sur, il ne serait pas totalement en retrait parce qu’il veillerait toujours sur elle pour la simple et bonne raison qu’elle était son âme sœur et qu’il serait toujours là pour elle, mais il la laisserait vivre sa vie sans intervenir un seul instant.

En fuyant ainsi Zooey après l’avoir blessé, Derek commençait sérieusement à songer que c’était peut-être ce qu’il y avait de mieux à faire : la laisser afin de ne plus risquer de la blesser. Il s’était enfui assez loin dans la forêt de Mystic Falls pour ne pas être retrouvé, mais il avait oublié les talents de chasseuse de Zooey qui pourtant avait cessé de chasser. Elle le retrouva et malgré ça, il ne désirait pas qu’elle s’approche de lui. Malgré cela, quand elle vint passer ses bras autour de sa taille, Derek s’apaisa légèrement mais pas assez pour cesser de s’en vouloir pour ce qu’il avait fait. Le contact de Zooey avait quelque chose de rassurant. A présent, il se souvenait pourquoi il avait tant besoin d’elle à ses cotés. Elle était la seule à pouvoir lui refaire prendre pied à la réalité.

En silence, il écouta ses paroles. Ils avaient perdu les pédales, certes. Mais Derek avait la désagréable sensation d’être le seul à les avoir réellement perdues. Lui et sa maudite jalousie. Elle ne l’avait jamais quitté dès le jour où il avait posé le regard sur elle. Il avait su à ce moment là qu’elle et lui, se serait pour la vie. Combien de personne avait la chance de réussir à trouver son âme sœur ? Cela s’était fait dans un endroit des plus improbables et pourtant, ils en étaient là. Mais Derek avait du mal à se dire que Zooey était réellement heureuse avec lui. A chaque fois elle devait céder à ses caprices quand il partait trop loin dans ses crises. Etait-ce vraiment une relation saine au final ? Bien sur, quand elle voulait quelque chose, elle réussissait à l’obtenir. Il n’y avait qu’à regarder ce maudit cabot qui la suivait partout depuis peu.

Elle désirait qu’il se pardonne, mais ce n’était pas quelque chose qu’il réussirait à faire rapidement. Il lui faudrait probablement du temps. Beaucoup de temps. Malgré le fait qu’il n’esquissait pas un mouvement pour se défaire d’elle, elle passa rapidement devant lui et elle réussit à capter son regard. Leurs yeux bleus se croisèrent. Des yeux dans lesquels il adorait se plonger plus que de raison. Elle avait un regard ensorcelant. Zooey avait raison, il lui avait promis de ne jamais la laisser.

- Je sais… mais je t’ai aussi promis de ne jamais te blesser et je l’ai fait.

La caresse de Zooey sur son visage calmait les battements saccadés de son cœur, mais cela n’apaisait pas pour autant sa conscience.

Je pense que Derek n'imagine pas à quel point c'est difficile pour moi de le voir comme ça, je sais qu'il se déteste probablement plus que jamais en ce moment, mais je voudrais qu'il puisse se voir à travers mes yeux. Il est l'être le plus parfait que je connaisse, il est mon univers et sans lui à mes côtés je ne pourrais que m'effondrer. Je ne sais pas comment je dois lui dire, lui montrer que je ne lui en veux déjà plus pour son geste, je suis persuadée que ça n'arrivera plus. Quand bien même cela arriverait, je n'en mourrais pas !

Derek reste droit comme un "I" et me laisse tout de même le toucher, je crois qu'il ne sait plus trop ce qu'il doit faire et donc qu'il se contente d'être immobile. Je pose les mains sur son visage pour à la fois l'obliger à me regarder, mais aussi frôler sa peau, mon coeur s'accélère comme à chaque fois que je le regarde et j'esquisse un petit sourire. Son regard est indescriptible, déjà en temps normal Derek n'est pas une personne que l'on sait facilement cerner, mais dans un cas comme celui-ci c'est totalement impossible, même pour moi. Je lui rappelle sa promesse, la plus importante pour moi, celle qu'il avait fait quand nous étions sortis de l'enfer, il m'avait promis que je ne serais jamais seule, qu'il serait toujours là pour moi. Bien entendu, lui me rappelle qu'il m'avait également promis de ne jamais me blesser, je soupire toujours en le regardant, une expression de tristesse et de tendresse sur le visage comme une mère déçue de son enfant. Je ne suis pas déçue de lui, je ne suis pas déçue qu'il m'ait cassé une clavicule, je suis déçue parce qu'au fond il a choisit la fuite, la solution de facilité pour moi.

Alors que je ne sais pas quoi répondre, je monte sur la pointe des pieds et dépose un baiser tendre sur ses lèvres. Je ne peux pas lui dire combien je l'aime, il ne l'entend pas, peut-être que ce baiser lui fera comprendre que c'est le seul qui compte pour moi, que je me battrais pour lui, pour ne pas qu'il me laisse ici dans cette vie qui ne sera que trop fade sans mon Derek et ses petites crises. J'y suis habituée, ça ne me dérange plus et j'en ai même besoin.

《 ce qu'il s'est passé, ça devait arriver mon ange et si ça arrive encore ce n'est pas grave ...  》 j'approche mon visage du sien, à quelques centimètres, nos nez se frôlent presque 《 ce qui serait grave c'est que tu partes, je ne le supporterais pas ... on est ce qu'on est, mais on peut choisir de rester et de continuer, alors Derek Porter, je t'en prie, reste avec moi ...》

Je pose la tête sur son torse, descend les mains dans sa nuque et profite quelques secondes de cette sensation de bien être que j'ai quand je suis contre lui. Il est ce qu'il m'est arrivé de meilleur, jamais je ne pourrais faire une croix sur lui.

En cet instant, Derek n’avait jamais autant détesté quelqu’un que lui-même. Cette haine qu’il ressentait à son égard n’avait absolument rien à voir avec celle qu’il avait un jour ressenti pour ceux qui les avaient maintenus en captivité pour exercer sur eux des expériences. Elle était bien en dessous de cette haine de lui-même. Il ne comprenait vraiment pas comment est-ce que Zooey pouvait être encore là à essayer de le ramener vers elle. En même temps, il en était bien heureux dans le fond parce qu’une vie sans elle ne mériterait pas d’être vécue. Elle était son essentiel, sa raison de vivre, son tout. Alors pourquoi est-ce qu’il était ainsi réticent à vouloir la rejoindre ? Et bien parce qu’il s’en voulait pour ce qu’il avait fait. Ce dont il avait besoin, c’était de se pardonner à lui-même ; mais encore fallait-il qu’il y arrive. Ce n’était pas gagné d’avance.

Bien que le contact de Zooey était ce qui l’apaisait le plus au monde, ainsi que le son de sa voix, Derek ne réagissait pas. Sa main sur sa peau réussissait à calmer les battements de son cœur affolé, mais sa conscience n’était pas tranquille. Comme à chaque fois qu’elle le regardait dans les yeux, Derek sentit son regard happé par le sien. Jamais il ne pourrait s’en détourner en premier. Il faudrait qu’elle brise le contact en première. Elle avait raison de lui rappeler qu’il lui avait juré de ne jamais l’abandonner, mais il lui avait aussi promis que jamais il ne lui ferait de mal et il avait failli à cette promesse. Derek était un homme d’honneur, c’était l’éducation qu’il avait reçu avant qu’il ne devienne un rugaru. Il comprenait bien que Zooey soit exaspérée par sa réponse car après tout, il ne lui facilitait pas la tâche non plus. Il pourrait simplement lui répondre « oui, d’accord » pour lui faire plaisir et lui donner l’impression de passer à autre chose, mais Derek avait toujours été sincère à cent pour cent avec elle.

Zooey ne prit même pas la peine de lui répondre. Elle se hissa simplement à sa hauteur afin de venir déposer ses lèvres contre les siennes. Le contact doux des lèvres de la jeune femme contre les siennes termina de le calmer. Sa conscience était encore entrain d’être tiraillée par deux côtés de lui-même : celui qui s’en voulait et celui qui désirait réellement se pardonner et promettre à nouveau de ne jamais lui faire de mal. Parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, Derek lui rendit son baiser. Il ne pouvait pas lutter contre les sentiments beaucoup trop puissants qu’il ressentait pour elle. C’était bien au-dessus de lui. En fait c’était au-dessus d’eux pour être exacte. À croire qu’il pouvait arriver n’importe quoi dans le monde, ils reviendraient toujours l’un vers l’autre. C’était la conception même de l’âme sœur.

Elle avait raison de dire que de toute façon, ce qui devait arriver arrivait sans que personne ne puisse y faire quoi que ce soit, mais Derek aurait dû essayer de reprendre le contrôle sur son rugaru. Il savait bien sur qu’il n’aurait rien pu faire, mais au moins, il aurait essayé et peut-être que sa conscience serait moins lourde en cet instant. Ce n’était que des suppositions, bien évidemment, mais parfois, ça faisait du bien d’imaginer. S’il comprenait bien, Zooey préférait qu’il lui fasse du mal plutôt qu’il ne parte. Dans un sens, Derek soufrerait de mille morts s’il devait un jour quitter Zooey, donc il pouvait comprendre aisément son point de vue à elle, même s’il n’était pas vraiment logique de préférer lui faire du mal plutôt que la quitter ; bien que dans l’absolu, Derek ne désirait ni l’un, ni l’autre.

Le rugaru ne prononça pas un mot, la laissant se lover contre lui. Il attendit qu’elle prenne sa place avant de l’envelopper dans ses bras. Auprès d’elle, c’était vraiment là où il se sentait le mieux. Il posa son menton sur le sommet de sa tête et ferma les yeux quelques instants, profitant de la chaleur que diffusait Zooey. Finalement, il prit une grande inspiration et réfléchit pendant quelques secondes avant de déclarer :

- Laisses-moi du temps. Je reste, mais laisses-moi le temps d’avaler la pilule…

Il releva sa tête et leva le menton de Zooey pour la regarder à nouveau dans les yeux. Son regard la captivait tout le temps, cela relevait presque de l’ensorcellement. Il déposa un nouveau baiser sur ses lèvres puis il murmura :

- Si un jour cela arrive à nouveau, rends-moi au moins la pareille.

Derek ne me repousse pas, il reste impassible mais je sens bien qu'il se laisse amadouer doucement par mon baiser. Je me love contre son torse et écoute les battements de son coeur. J'aime à penser que chacun de ces battements est pour moi. Je souris intérieurement quand ses bras passent autour de moi, son menton sur le sommet de mon crâne, Derek lâche un soupir.

Même s'il se calme, je sais que Derek est toujours en furie contre lui même. Il me demande de lui laisser le temps, le temps de digérer l'information, le temps probablement d'accepter que ses pulsions sont plus fortes parfois que son amour, que la destruction fait partie intégrante de notre vie.

《 je te laisserais le temps qu'il te faut mon amour, tant que je sais que tu seras à mes côtés》

Derek se retire un peu pour me regarder, je lui souris et mon coeur fit un bond quand il m'embrasse. Lui rendre la pareille ? J'hausse les épaules avec une petite moue perplexe. Je ne pense pas en être capable. Je ne suis pas d'une nature violente, je suis douce et pacifiste. Je fais partie de ces personnes qui essaient de régler les problèmes de manière civilisées. Je ne pourrais jamais lui faire du mal volontairement.

《 on verra, on rentre ? 》

Je dépose un nouveau baiser sur ses lèvres, un baiser que je rend passionné et langoureux. Je le regarde à nouveau et le reflet de la lune sur son visage le rend encore plus inquiétant, son regard bleu se glace encore plus et je me rend compte de combien je l'aime. Combien je le trouve beau, magnifique sous cette lumière.

《 Hitch !!! Vient loulou ! 》

Ma main dans celle de mon âme soeur, je rappel mon chien qui profite de cette balade en forêt nocturne. Il revient presque aussitôt et nous tourne autour visiblement content que nous nous soyons réconcilié.

Le chemin vers la maison est calme, nous mettons un petit vingt minutes, on profite de la douceur de la nuit quand notre maison apparaît au loin.

《 Tu as faim ? J'ai envie de cuisiner... 》

Cuisiner ou faire n'importe quoi qui pourra me changer les idées. Derek est revenus avec moi, nous sommes à la maison, mais j'ai encore besoin d'évacuer le stress de cette soirée.

Derek n’avait pas la force de repousser Zooey. Il ne pouvait pas rester loin d’elle. Elle était son âme sœur, ils étaient faits pour être ensemble. S’ils étaient loin de l’autre comment est-ce que Derek ferait pour survivre ? Ce serait impossible. Il avait toujours pensé que si Zooey ne voulait plus de lui dans sa vie, il la laisserait mais il ne pourrait pas s’empêcher de la surveiller et d’avoir un œil sur elle. Ce serait plus fort que lui, il ne pourrait jamais s’en empêcher. Et en plus de cela, il tenterait surement de tuer les différents hommes qui se présenteraient à sa porte, parce que Zooey était à lui et à personne d’autre.

La seule chose dont il avait besoin en cet instant, c’était de temps pour ne plus s’en vouloir. Et cela n’allait pas se faire dans l’heure. Il lui faudrait sans doute une bonne journée – voir plus. Il avait fait du mal à Zooey et mon dieu comment allait-il pouvoir se pardonner après avoir fait une chose pareille ? Zooey avait beau clamer qu’elle lui avait pardonné mais ça n’allait pas être son cas à lui. Se pardonner soi-même était une chose vraiment difficile. La jeune femme avait décidé de lui laisser le temps qu’il désirait. C’était aussi une des raisons pour laquelle Derek l’aimait à la folie : elle le comprenait mieux que personne au monde. En même temps, ils avaient passé des années ensemble, enfermés. Quoi de mieux pour connaître quelqu’un de fond en comble ?

- Merci, répondit-il.

Malgré ça, il lui demanda de lui rendre la pareille si jamais il recommençait son excès de colère. À la réponse de Zooey, il savait d’avance qu’elle ne le ferait jamais. Mais bon. Au moins, il lui avait dit ce qu’il désirait d’elle à la moindre récidive. Enfin bon. Ils étaient toujours ensemble et bizarrement, c’était tout ce qui importait pour le moment. Il hocha la tête quand elle lui proposa de rentrer et il lui rendit son baiser quand elle vint poser ses lèvres sur les siennes. Pendant leur étreinte, il glissa sa main sur sa nuque. Il plongea son regard dans le sien.

À chaque fois qu’il la regardait, il la trouvait plus belle chaque jour. Il avait vraiment la femme parfaite à ses côtés. Comment pouvait-il être aussi idiot par moment ? Elle méritait tellement mieux que lui. Il avait tout le temps l’impression d’être un boulet qu’elle devait traîner et dont elle ne pouvait se débarrasser. Il était une entrave à tout ce qu’elle pouvait faire. Et pourtant, elle était là, avec lui.

L’entendre appeler ce cabot de malheur mit fin à ses pensées pour le ramener dans la réalité. Derek leva les yeux au ciel. Ce maudit chien. Il aurait mieux fait de mourir le jour où il avait dit oui pour qu’elle ait ce chien. Si seulement il pouvait ne plus jamais revenir et être adopté par quelqu’un d’autres afin que Derek ne l’ait plus dans les pattes ? Certes, ce chien ne représenterait que dix ans de leur éternité ensemble, mais il y avait de forte chance pour que Zooey en veuille un autre par la suite et alors là, ils se trimballeraient tout le temps des chiens. Et de ça, il en était hors de question.

Il regarda le chien revenir avec un air blasé. Cependant, il se concentra sur la main de Zooey qui était glissé dans la sienne. Il entrelaça ses doigts avec les siens tandis que Stitch – ou peu importe comment il s’appelait de toute façon Derek ne s’en occupait pas – leur tournait autour comme s’ils venaient de lui annoncer qu’il allait avoir un frère ou une sœur. Un deuxième chien : hors de question !

Enfin, ils pénétrèrent à l’intérieur de leur maison. Dans leur bulle. Ici, Zooey lui appartenait entièrement.

- Pourquoi pas ? hasarda-t-il. Tu sais bien que j’aime quand tu cuisines.

Il déposa un baiser sur son front.